Bernard, te voilà parti. Tu rejoins les nombreux membres du cercle trop tôt disparus. Ces derniers mois ont été bien éprouvants pour le cercle avec la disparition de Gérard et puis de toi, Bernard.
Je ne soulignerai dans mes quelques lignes que l’une des tes nombreuses contributions à ton village – celle qui a permis à notre cercle de se former.
Pour créer une association, tu as toujours trouvé la bonne formule pour rassembler les bonnes personnes, former un groupe, puis prendre du recul et les regarder continuer la route que tu avais tracée. Seuls, peu de gens arrivent à ce résultat.
Le cercle, sans ton impulsion, n’aurait point vu le jour. Et de nombreuses pages d’histoire n’auraient pas pu être écrites et partagées. Même si notre lectorat s’étiole d’année en année, les 22 bulletins et les différents livres publiés resteront une belle référence pour tous les amoureux de notre village et du Sundgau.
Tu me demandais toujours d’écrire une monographie de Hégenheim. C’est en cours. Je prépare la structure du livre pour que chaque membre du cercle puisse y apporter sa contribution. Je regrette que tu ne sois pas là pour tenir ce livre en main.
Personnellement, je garderai l’image d’un littéraire qui aimait profondément sa région et son village. Nous ne verrons plus ta silhouette longiligne, ta démarche bancale, un sourire souvent présent et tes yeux pétillants.
Et pour finir, je voudrais juste te dire : merci pour tout !
Christophe.
Annexe 1 – Hommage lu par Marc Herlin, au nom de Françoise, des enfants et petits-enfants #
Bernard Herlin
Mon Mari
Notre Père
Notre Grand Père
Notre Beau Père
Notre Frère
Notre Beau Frère
Notre Oncle, Notre Cousin
Notre Parrain
Notre La classe, Notre Ami
Notre Copain
Mais qui était Bernard ?
Un Hégenheimois de toujours. Né rue d’Allschwil à Hégenheim le 11 juillet 1934, dans la maison de famille de ses parents Théophile Herlin et Rose Kaiser.
Bernard était le 6e d’une fratrie de 7 enfants : Lucien, François, Marceline, Maria, Germaine, Bernard et Raymond.
A Hégenheim, il a vécu rue d’Allschwil, puis passage de la couronne (près de l’école primaire) et enfin rue de Hésingue (près du collège).
Toute sa vie tourne autour de Hégenheim.
La seule exception est sa femme Françoise qui vient de Koetzingue.
Le mariage a eu lieu le 25 août 1961. De cette union sont nés 4 enfants : Jean, Corinne, Marc et Michèle. Puis suivirent 7 petits enfants : Maxime, Gaëtan, Quentin, Thomas, Tamara, Hugo et Axel.
Bernard
De son enfance, jusqu’à ces derniers instants, a vécu sans se plaindre.
Depuis sa jeunesse marquée par la guerre, la déportation et sa grave maladie étant jeune homme.
Toute une vie à travailler le jour, le soir, à construire sa maison avec sa femme, à être engagé dans la vie du village.
Il a fait face à la maladie avec courage et volonté jusqu’à ces derniers mois, ces dernières semaines, ses derniers jours.
Cette volonté de surmonter les épreuves et de construire sa vie a montré une leçon de courage pour ses enfants.
Bernard
A mis en avant très tôt l’importance des associations de son village.
Il a participé aux camps de vacances dans sa jeunesse, il était membre du football club de Hégenheim et de la société de Gymnastique de Hégenheim en étant même, durant 2 années, le président.
A un âge avancé, il s’est mis au Tennis qui fût remplacé plus tard par des séances de piscine à Bad-Bellingen.
Il n’en avait pas l’air mais il faisait du sport … et surtout il était un très bon spectateur lors des galas du Twirling Club de Hégenheim.
Il a toujours soutenu les associations car il était persuadé du bien-fondé de celles-ci pour la vie du village et c’est pour cela qu’il créa Hégenheim Animation en 1999.
Il était membre actif ou passif de plusieurs associations du village et aussi dans d’autres villages.
Bernard
A étudié à Saint-Louis pour devenir Dessinateur Industriel.
Après les études, il a travaillé principalement en Suisse pendant 44 ans.
Il est allé en cours du soir pour atteindre ses objectifs car il appréciait les personnes ayant une certaine culture et connaissance.
Il soutenait beaucoup les écoles car pour lui l’éducation était une des clés de réussite de la vie.
Il a gardé des souvenirs indéfectibles de ses professeurs, tels Monsieur Evrard avec lequel il faisait les camps d’été, qui l’ont marqué.
L’histoire et la généalogie faisait également partie de ses centres d’intérêts ce qui entraina la création du Cercle d’Histoire de Hégenheim en 1996.
Il appréciait les artistes, pour leurs visions et leur imagination, ce qui donna naissance à l’exposition annuelle des artistes à Hégenheim en 1998.
Il s’est même essayé à la peinture mais pour l’anecdote, sa femme Françoise a également peint des tableaux et Bernard a dû reconnaitre qu’elle avait plus de talent que lui car Françoise a un sens inné pour l’association et la composition des couleurs.
Dans un autre domaine de l’art, l’art culinaire Bernard était connu pour une spécialité.
Ses fameux spaghettis, que ce soit des repas pour 5-10-50 personnes, pas de problème, beaucoup en ont gouté et apprécié.
Bernard
Aimait beaucoup son village, son HAGANA, c’est pour cela qu’il s’est engagé en tant que conseiller, puis1er adjoint (1977-1995 /18 ans) et enfin Maire de sa commune (1995-2008/13 ans). Cette implication, il l’a fait par conviction et non par calcul, sans compter son temps et son énergie pour améliorer la vie des Hégenheimois.
En pensant faire du plus juste possible.
Il aimait tant son village qu’il en a écrit des poèmes en Alsacien, dont « mi Hagana, mi Dorf » que vous avez trouvé aujourd’hui sur les bancs de l’église.
Il a soutenu la défense de la langue alsacienne.
Son penchant idéologique était plutôt de gauche tout en gardant un respect pour toutes les autres opinions.
Il était, selon les gens qui l’ont côtoyé, un homme de bien, de conviction rempli d’optimisme.
Bernard
Dont on appréciait son humour, était aussi connu pour être, comment dire, quelquefois un petit peu têtu, même un peu plus que têtu, borné.
Bien que « têtu » peut être un défaut mais également une qualité selon les circonstances pour atteindre un objectif.
Il faut parfois avoir des convictions pour aboutir.
Bernard
Etait amateur de musique classique qu’elle soit jouée par un orchestre professionnel ou jouée par l’orchestre de la musique union de Hégenheim.
Dans les soirées de sa jeunesse, il aimait danser le rock-&-roll avec sa femme et ils tournaient, tournaient et tournaient encore.
Il appréciait de fumer tranquillement sa pipe, en lisant un livre, en écoutant la musique ou en méditant.
Il appréciait de cultiver son potager et de voir pousser les haricots, les radis, de voir rougir les tomates, de voir grandir les salades, les poireaux, les choux.
Il savourait également beaucoup la chaleur du soleil et la mer.
Sa famille se souviendra toujours de ces nombreuses années de vacances d’été passées au camping «La Croix du Sud » près de Ramatuelle, que certains d’entre vous connaissent.
Avec de longues journées passées à la plage et dans l’eau.
Les parties de pêches, le bon rosé de la Côte d’Azur, les lectures tard le soir.
Puis les années à Cavalaire et les années Italiennes où il emmenait toute sa famille.
Car la famille était aussi une de ses priorités et il tenait à ce qu’elle soit rassemblée régulièrement.
Bernard
A vécu 58 ans avec sa femme Françoise qui l’a accompagné dans toutes ses aventures et dans la vie de famille avec ses 4 enfants.
Françoise l’a soutenu avec courage et angoisse jusqu’au bout.
Merci Maman !
Bernard
Ta famille remercie chaleureusement toutes les personnes présentes dans cette église pour ce dernier hommage.
Nous remercions également
– Les docteurs Naas et Ghassani pour le suivi médical durant ces derniers mois, ces dernières semaines
-L’équipe de l’APA (aide aux personnes âgées) pour leur aide, qui n’est pas toujours facile.
Julie, Marie, Antoinette, David, Cléopatra, Pierre et encore plein d’autres intervenants
-Les infirmières, infirmiers pour leurs soins
-L’équipe médicale de l’hôpital Emile Muller de Mulhouse et de la clinique 3 Frontieres de Saint Louis.
-Francine qui a donné de son temps pour aider Françoise
-Les personnes venues te voir durant ces dernières semaines
Nous n’oublions pas les personnes qui n’ont pu se déplacer. Certaines nous ont téléphoné, d’autres nous ont écrit ou encore envoyé des fleurs. Tous ces gestes nous réconfortent grandement et apaisent notre peine.
Bernard
Notre papa dans l’ombre duquel nous faisions nos premiers pas, celui qui nous a appris tant de choses, qui nous a donné l’éducation et les armes pour affronter sereinement la vie.
Aujourd’hui nous sommes là, pour nous soutenir les uns les autres.
Papa, Papi, Tu n’es plus là.
Il y aura maintenant une chaise de libre le dimanche à table, marquant physiquement le vide que tu laisses dans nos cœurs et dans nos vies.
Bernard Herlin
Mon Mari
Notre Père
Notre Grand-Père
Notre Beau-père
Un homme généreux et philanthrope.
Nous t’aimons et te remercions pour cette belle vie et tous les bons moments vécus ensemble.
Amen
Annexe 2 – Hommage lu par Thomas au nom des petits-enfants #
Pour rendre hommage à un grand homme, il faut au moins être à sa hauteur et seul je ne suis pas de taille.
C’est pourquoi aujourd’hui nous sommes ici moi, mon frère, mes cousins et cousine ainsi que vous tous réunit afin de lui rendre hommage.
Notre Grand-Père était le maire du village, c’était une fierté de pouvoir dire qu’on était les petit-fils et petite-fille du maire de Hégenheim, mais pour nous, il était tout simplement Papi.
Une passion de Papi était l’Histoire et malgré le fait qu’il suivait de près notre éducation et était heureux que l’on puisse répondre à ses questions, je pense qu’au fond de lui il aimait bien le fait qu’on se trompe et que l’on n’ait pas toutes les réponses. Ça lui permettait de nous éclairer sur un sujet et de nous transmettre son savoir.
C’est donc naturellement qu’il aimait également les moments de partage et d’échange en Famille. Que ce soit à la maison avec sa fameuse recette de spaghetti qui restera un secret bien gardé,
à la Kilbe, ou encore lors des vacances qui nous réunissaient tous ensemble tous les 5 ans en Italie, en Espagne. On se rappelle tous des balades de bananes, du powerade, des discussions.
On se souvient également du Lion de Belfort, de musées, de desserts parfumés aux fruits du jardin, qu’il cultivait avec soin et plaisir.
Il s’intéressait à nos voyages, il me demandait souvent comment ça allait avec les filles, je lui racontais mes aventures quand il y en avait et les mésaventures parce qu’il y en a eu aussi.
Victor Hugo était son auteur préféré lorsque je lui ai demandé pourquoi, je pensais que ce serait pour son engagement politique ou son engagement humaniste toujours prêt à utiliser sa plume pour défendre les plus démunis.
Vous savez ce qu’il m’a répondu ? Parce qu’il avait une maîtresse.
Si on pense, c’est comme ça qu’était notre Grand-Père, un homme proche des hommes et des femmes mais qui n’avait d’yeux que pour une, Notre Grand-Mère, à qui nous avons envie de saluer le courage dont elle fait preuve encore aujourd’hui.
Sache que nous serons là !
Papi tu as été avec nous pendant 30 963 jours, soit 84 ans 9 mois et 8 jours.
Pour nous tu resteras dans nos cœurs et nos esprits pour l’éternité.
Annexe 3 – Hommages lus par le maire et les anciens maires de Hégenheim #
Thomas Zeller, maire #
Chère Françoise, chère famille,
Mesdames messieurs les élus,
Mesdames messieurs,
En tant que maire, c’est avec une lourde émotion que je m’adresse à vous pour rendre un dernier au revoir à l’un de mes prédécesseurs.
Nous sommes venus nombreux pour rendre hommage à Bernard Herlin, Maire Honoraire de notre ville de Hégenheim. Elu dévoué pendant 31 ans au service de notre village.
Nous sommes présents pour vous, chère famille et pour lui témoigner notre affection et notre reconnaissance, pour tout ce qu’il a fait durant ces années.
Permettez-moi de vous adresser au nom du conseil municipal, de l’association des maires du Haut- Rhin et en mon nom personnel nos plus sincères condoléances.
Je n’ai pas eu la chance et l’occasion de travailler ou d’être aux côtés de Bernard durant l’un de ses mandats comme beaucoup d’entre vous ici présents, il m’a cependant quand même eu « dans ses pattes » à plusieurs reprises en tant que petit garçon lors de nombreuses soirées associatives qu’il aimait tant (impossible de toutes les énumérer, mais il avait une tendresse particulière pour les soirées du twirling et de la musique, sans compter les expositions des artistes grâce à Hégenheim Animation dont il fut le fondateur).
J’associe à mes propos, M Jean-Claude Deyres et Pierre Cros, Maire et Maire Honoraire de Morcenx, notre ville jumelée des Landes. Ils s’excusent de ne pas pouvoir être parmi nous, mais partagent notre peine et gardent de Bernard d’agréables souvenir de travail et de convivialité.
Nous lui devons beaucoup et il restera bien évidemment dans nos cœurs et dans nos mémoires.
Encore une fois : Merci M. le Maire Honoraire, Merci Bernard.
Patricia Schillinger, sénatrice et ancien maire #
Chère Françoise, Chers Jean, Corinne, Marc et Michel, Chère famille en deuil,
Messieurs et Mesdames les élus, Chers tous,
Aujourd’hui, c’est le cœur lourd que je vous parle de Bernard.
En ce triste jour, j’associe à ma parole les anciens adjoints, conseillers de Hégenheim et le personnel communal, qui étaient à ses côtés durant ses mandats.
La simplicité et la sobriété caractérisaient Bernard. « Il nous faut peu de mots pour exprimer l’essentiel » disait Eluard.
Je vais vous retracer quelques passages de son engagement pour la commune.
Nous l’avons tous connu comme Adjoint de Raymond Gesser. Depuis 1977, il s’investissait corps et âme pour son village et tous les habitants l’appréciaient pour cela. Il connaissait tout le monde et tout le monde le connaissait. Quand, en 1995, Raymond a décidé de passer son écharpe, Bernard devint maire.
Au fond, c’était presque normal. Bernard connaissait chaque famille et même chaque borne de la commune.
Tous se souviennent de Bernard pour ses bons mots, ses petites remarques, souvent reprises par la presse. Bernard était franc, sincère et authentique. Si une chose l’interpellait, il ne s’embarrassait pas avec de formules.
Authentique, il l’était dans son comportement. On se souvient tous du cigare et du verre de Bordeaux qu’il savourait après une intense séance de travail. Tous appréciaient sa présence active lors des assemblées générales des Associations. Chaque année, avec impatience, il attendait le Kaesnapperfascht qui réunissait associations et habitants au-delà des frontières. Et surtout, il était toujours présent aux soirées Twirling, « les majorettes » comme il disait.
Localement, son caractère bien trempé marquait les esprits. On se souvient de cette fois, lors d’un référendum en 2000, où faute de volontaires pour tenir les bureaux de votes, et lui-même préférant aller au jubilé de l’Abbé Heinimann, il avait été suspendu 10 jours de ses fonctions de maire par le ministre de l’Intérieur. Une anecdote qui finalement l’amusait.
On se souvient aussi de ce jour où il était sorti de la mairie escorté par les gendarmes parce qu’il avait osé proposer un projet de grande surface et qu’une partie des habitants s’y opposait.
Mais Bernard, c’était aussi un homme d’écoute. Il s’enrichissait des paroles des autres. Chaque occasion d’en apprendre davantage sur Hégenheim ou sur l’histoire de notre région était précieuse. Homme de culture, président fondateur du Cercle d’Histoire, il avait à cœur de transmettre le passé aux générations futures. Avec son caractère calme et attachant, il se voyait comme un passeur de mémoire. Sa sensibilité lui donnait une proximité avec tous. Les sorties, les repas des aînés, les temps passés avec sa classe d’âge étaient des moments forts pour lui.
D’autres moments furent plus douloureux : les décès de Yves Ranoux, de Claude Coustel et de Alain Wojcik l’avaient profondément éprouvé. Avec le personnel communal, avec ses collègues élus, comme avec tous, il était toujours attentif et attentionné.
Au-delà de Hégenheim il était également très engagé avec les territoires voisins.
Il a en effet fortement contribué à la construction des projets intercommunaux. Les élus se rappellent tous des séances animées avec des échanges vifs avec le député Jean Ueberschlag et le président de l’intercommunalité Roland Igersheim.
A son grand regret il n’a pas eu le temps de mettre le point final à l’ouvrage dans lequel il retraçait ses années d’engagements en tant qu’élu, ainsi que les différentes anecdotes croustillantes sur le vie politique locale.
A titre plus personnel j’aimerai évoquer avec vous quelques temps forts.
En mars 2001, j’ai eu l’honneur de siéger avec lui au Conseil Municipal, où il m’a immédiatement confié le poste de deuxième adjointe.
Je peux le dire, il m’a mis le pied à l’étrier. Durant les sept années passées à ses côtés, j’ai fait connaissance avec la complexe mécanique administrative et politique d’une commune. Avec lui, nous tous avons appris à composer, à nous affirmer, à prendre des décisions rapides.
Lorsque j’ai été élue maire en 2008, il était fier. Il me disait qu’il fallait avoir de l’ambition pour Hégenheim. Pour lui, Hégenheim devait rester un village, mais capable de se tourner vers l’avenir. Avec mon équipe, nous avions conservé cet esprit d’ouverture vers l’avenir. Malgré sa retraite, chaque projet l’intéressait et je crois qu’il était heureux de voir que son village évoluait avec son temps.
Quand j’ai été élue sénatrice en 2004, son émotion et sa fierté étaient profondes. Hégenheim était représenté dans une haute assemblée. Avec Raymond Gesser, ils se sont engagés totalement au service de leur commune. J’étais heureuse de représenter cet esprit d’engagement à Paris !
C’était une qualité chez lui : décider rapidement, convaincre facilement et composer avec les difficultés pour en faire une force.
Mais ce que j’admirais toujours chez lui, c’était l’Humanisme profond qui l’habitait. Son enfance volée par la Guerre l’avait marqué et ainsi, il aimait les gens, tous, d’où qu’ils viennent.
Son empathie naturelle était appréciée par tous. Lorsque je l’accompagnais en visites, j’étais toujours admirative de sa manière d’enregistrér les histoires que les Anciens lui racontaient. Lui, passionné d’Histoire, se sentait héritier des petites histoires qui font la Grande et trouvait nécessaire de la transmettre à son tour.
Socialiste, il l’était au plus profond de lui. Parce qu’il aimait les gens, parce qu’il aimait la vie, pour lui, socialisme, ça voulait avant tout dire vivre ensemble en harmonie. Ce qui l’attristait par-dessus tout, c’était d’aller faire des visites en maison de retraite. Fervent défenseur du maintien à domicile pour la fin de vie il a pu s’éteindre chez lui accompagné de ses proches.
Il voulait que tout le monde soit fier de vivre à Hégenheim. Ainsi, il soutenait toujours les associations, favorisait le périscolaire, les voyages scolaires. Il aurait voulu avoir une piscine près du collège pour que tous les enfants sachent nager.
En 2007, il décida de s’arrêter. Après 30 ans d’engagement municipal, il voulait profiter, comme il l’avait dit à la presse, de son « contrat là-haut. Une assurance jusqu’à 80 ans pour quelques affaires encore à régler. »
Le Bernard que nous connaissions tous, passionné, investi, militant associatif, acteur politique, historien amateur, défenseur avant l’heure de la protection de l’environnement (notamment au sein de l’APOE et de l’ADRA), a été un formidable modèle pour nous tous. N’oublions pas non plus son implication dans le monde sportif (tennis, gym, foot) et bien sur son amour de la langue et de la culture alsacienne.
Les relations excellentes que la commune entretient avec ses voisines suisses Allschwil et Schönenbuch sont un héritage de Bernard que nous avons toujours eu à cœur de perdurer. Je ne compte plus le nombre d’anecdotes à ses cotés. Il me revient le souvenir des mémorables spaghettis partagés chaque année avec les artistes, durant l’Exposition des Artistes de Hégenheim. Bernard était le cuisinier en chef de ce jour. Paul Ricci, Geneviève Heijkoop, Bernadette Weider, et bien d’autres encore, s’en souviennent aussi !
Il était profondément européen et il ne pouvait en être autrement de Hégenheim. C’est aussi ainsi que des liens forts s’étaient tissés avec Morcenx suite à l’évacuation des Alsaciens et leur accueil en terres landaises.
Nous étions nombreux à l’accompagner dans ses différents engagements, je n’ai pu citer tous les amis, toutes les associations, tous les élus, toute les forces vives qui ont partagé les temps forts de sa vie et je vous prie de m’en excuser.
Aujourd’hui, nous pleurons la disparition d’un grand Homme. Mais le cœur de Hégenheim
résonnera encore longtemps de son amour de la vie ! Il fut un grand Maire. Dans la joie comme dans l’adversité, il savait faire preuve d’un optimisme permanent et d’une ambition généreuse pour notre commune !
Bernard représentait parfaitement cette génération d’élus municipaux qui ont accompagné les grandes évolutions dans les communes. Il était de toutes les réunions, au grand dam de son épouse Françoise et de ses enfants, qui lui ont été néanmoins d’un soutien total dans ses actions.
Je n’oublierai pas cette parfaite harmonie entre lui et moi, cette confiance qui devenait une complicité. Nous aimions débattre parce qu’il en sortait toujours quelque chose de constructif. Je pourrai vous parler pendant des heures de ces échanges toujours enrichissants. Avec Bernard, il ne s’agissait pas de refaire le monde mais de le rendre meilleur.
Aujourd’hui, Hégenheim ne perd pas seulement un maire. Hégenheim pleure un père qui voyait son village comme un enfant dont il était fier et à qui il donnait tout.
Merci pour tous ces moments. Adieu l’ami ! Salut Bernard !
Raymond Gesser, maire honoraire #
Chère famille,
Chère Françoise,
Chers Jean, Sabine, Gaëtan, Tamara,
Chers Corinne, Jean-Claude, Thomas, Hugo,
Chers Marc, Sylvie, Maxime et Marion, Axel,
Chers Michèle, Denis, Quentin,
Quelle belle famille ! Bernard était fier de vous, vous pouvez être fier de lui.
Monsieur le Maire, Madame la Sénatrice, et moi-même, nous vous présentons nos sincères condoléances.
Nous aurons toujours une pensée émue pour Bernard.
Annexe 4 – Hommage lu par Corinne, sa fille #
Après toutes ces interventions, je vais vous dévoiler un autre secret de mon père. Le plus grand secret de mon père a été la POESIE.
En effet il est un authentique fils de HEGENHEIM, à qui il a consacré sa vie sans renier ces convictions et avec un humanisme rhénan.
C’était un père, un mari, un homme politique mais aussi un poète.
Il était un amoureux de Victor HUGO non seulement pour ces écrits mais pour ses convictions, son verbe, son militantisme pour le peuple et les causes sensibles.
Il y a quelques semaines un article dans l’Alsace intitulé : « Sa part du Colibri » reflétait cette part cachée de mon père.
« ….Il faut du courage pour braver les inerties. Il y a quinze, vingt ans, au district des Trois Frontières, un maire se levait pour s’offusquer de toutes ces pages blanches (verso) dans les comptes rendus des réunions et autres documents de présentation de projets. Bernard HERLIN, de Hégenheim, exigeait des impressions recto-verso pour toute cette paperasse. Sa part du Colibri face à ces 80 000 km2 de forêt qui disparaissent chaque année dans la déforestation. On lui opposait des raisons techniques…… A chaque occasion, il remettait le couvert.
A vrai dire, on guettait son intervention, se l’annonçait d’un coup de coude au voisin, la recevait avec sourire. ……..on l’aimait bien BERNARD.
Et celui-ci devait encore estomaquer ses collègues en rêvant tout haut, un jour, à des hectares de prairie où semer des papillons.Ne souriez pas! N’y touchez pas! BERNARD est un poète.
Et dans ce monde pasteurisé, aseptisé, vitrifié, quand ils auront disparus, nos poètes, qui parlera encore des Papillons » ?
Ce petit article résume mon père avec finesse et poésie.
Mon père a pris la plume en Alsacien dont il était un fervent défenseur. Il a eu la reconnaissance par l’attribution d’un prix en 2008.
Vous pouvez apprécier son talent, un petit texte « Mi HAGANA, mi Dorf» vous a été distribué.
Jusqu’au bout la poésie l’a accompagné, il est parti le jour de la Lune Rose et du Vendredi Saint entouré de tous les siens.
Je voulais partager avec vous un autre Bernard et je vous remercie chaleureusement de votre présence à nos côtés aujourd’hui.
