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Introduction au chant pour le colonel Fabien de Nathan Katz

5 min de lecture

Philippe Baumlin- Christophe Sanchez

Nathan Katz et le colonel Fabien 

Le écrits de Nathan Katz ont été bien préservés. La bibliothèque Universitaire de Strasbourg a recueilli en 2002 de nombreux manuscrits du poète sundgauvien. Ce manuscrit cependant est inédit et provient d’une collection privée.
Cet écrit a le mérite de nous faire connaître une page d’histoire que très peu d’Alsaciens, de Français connaissent, et met en exergue le patriotisme très profond de Nathan Katz. Enfin, et malheureusement, ce texte ne peut que trouver un écho tragique dans nos pensées au regard des événements du 13 novembre 2015.

Quelques notes d’abord sur Nathan Katz.

Nombreux d’entre vous savent qu’il est né à Waldighoffen en 1892 et qu’il publia de nombreux recueils de poésies dont le célèbre  Sundgaü en 1930. Son œuvre fut couronnée en 1966 de Oberrheinische Kulturpreis décerné par la Johann Wolfgang von Goethe Stiftung et du Bretzel d’ or en 1977.

Vous pouvez retrouver sa biographie dans un très bel ouvrage de Victor Hell, Nathan Katz : l’universalité d’un poète dialectal, Éditions du Rhin.

Le chant du colonel Fabien se situe en 1946. Nathan Katz revient de Limoges. Jusqu’en 1942, il est employé de l’entreprise Ancel. Les lois de Vichy le feront, en temps que Juif, congédier de son travail et  Katz vivra de ses indemnités de refugié. 

En 1946, il devient bibliothécaire à la bibliothèque de Mulhouse.

Il écrira de nombreux poèmes sur la guerre et lors de la libération de Waldighoffen, il prononce devant le général de Lattre de Tassigny, l’hommage aux morts. Très touché par l’élévation des paroles du poète, le général le fait appeler pour le féliciter : « Avec les armes, j’ai fait mon devoir pour la France, maintenant la Patrie a besoin d’hommes comme vous, aidez-moi. »

Après la mort du colonel Fabien en décembre 1944 à Habsheim, le poète alsacien Nathan Katz écrit en 1945 un chant en son honneur.  Le chant du colonel Fabien est écrit sur onze feuillets d’une écriture fluide épouse parfaitement la remarque du général. Dans son chant, Nathan Katz met en valeur les faits de guerre du colonel Fabien tout en dénonçant l’atrocité de la guerre et le régime de Vichy.

Quelques mots sur le colonel Fabien.

Nombreux d’entre nous connaissent encore le nom du colonel Fabien grâce à la place qui porte son nom à Paris et où se trouve le siège du parti communiste.

Pierre Georges dit colonel Fabien dit Frédo voit le jour le 21 janvier 1919 à Paris et meurt le 27 décembre 1944 à Habsheim. Il est un militant communiste et résistant français.
Il adhère au Parti à l’âge de quatorze ans et s’engage dans les brigades internationales à dix-sept ans, en 1936. Envoyé à l’école d’officiers de la base d’Albacete ( au Sud-Est de Madrid), il en sort en janvier 1938 avec un grade équivalent à sous-lieutenant.
Blessé à trois reprises, il est aussi victime d’une pneumonie. Rentré en France en juin 1938, il fait une école pour métallurgiste et redevient ouvrier aux établissements Bréguet.
Il est élu au comité central des JC (Jeunesses communistes). Interné comme militant communiste en décembre1939, après la signature du Pacte germano-soviétique, il s’évade en juin 1940 lors d’un transfert en train et reprend contact avec le Parti à Marseille où il se livre à une série d’activités clandestines sous le pseudonyme de Fredo.
Monté à Paris pour participer à la direction des JC, il est chargé par le Parti de monter le premier groupe armé.
Il devient en 1941 l’adjoint du colonel Albert Ouzoulias, chef des « Bataillons de la Jeunesse », membres des Francs-tireurs et partisans (FTP). Il réalisa lui-même ce qui fut considéré comme le premier attentat meurtrier contre les troupes d’occupation, en tuant d’une balle dans le dos le 21 août 1941 un officier de la Kriegsmarine, l’aspirant Moser, au métro Barbès – Rochechouart.Cet attentat et ceux qui suivirent causèrent la mort de nombreux otages, dont celle d’Honoré d’Estienne d’Orves, exécutés en représailles par les troupes d’occupations allemandes commandées par Otto von Stülpnagel.
Le 8 mars 1942, il part en Franche-Comté et met sur pied un des premiers maquis FTP sous le nom de guerre de « colonel Fabien ». Il est grièvement blessé à la tête le 25 octobre 1942. La police française l’arrête à Paris le 30 novembre 1942, et le livre aux Allemands.
Il est interrogé et torturé, passe trois mois à Fresnes, est transféré à la prison de Dijon et s’évade finalement du fort de Romainville vers mai 1943. Il participe ensuite à l’organisation de maquis dans les Vosges, en Haute-Saône et dans le Centre-Nord.

Il participe à la libération de Paris en août 1944. C’est lui que l’on trouve à la tête d’un groupe de FFI pour prendre d’assaut le palais du Luxembourg et qui recevra l’appui des chars d’avant-garde de la 2e DB. Le colonel Fabien rassemble un groupe de cinq cents hommes, principalement originaires de Suresnes, pour continuer la lutte contre l’armée allemande avec les forces françaises et alliées : la «  Brigade de Paris ». Cette brigade est rattachée, dans un premier temps, à la division Patton. Puis, elle devient le 151e régiment d’infanterie dans l’Armée de De Lattre de Tassigny, et combattra dans l’est de la France puis en Allemagne.
Le 27 décembre 1944, il est tué par l’explosion d’une mine qu’il était en train d’examiner, à Habsheim près de Mulhouse (Alsace). Les circonstances exactes de sa mort restent mal établies. 

Enfin, permettez moi de remercier Philippe pour sa traduction remarquable de ce chant.

Sources : La Vie héroïque du colonel Fabien, colonel André Ouzoulias, Editions sociales,préface de Charles Tillon. 1945, Paris.

Dessin de Nathan Katz, de Eugene Henri Cordier (site internet de Waldighoffen).