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Les manala, une tradition rhénane voir Bâloise

3 min de lecture

Les manala (ou mannala/mannele) sont de petites brioches en forme de bonhomme, originaires d’Alsace et liées à la fête de la Saint-Nicolas. Elles apparaissent dans la tradition régionale à partir du XVe siècle et symbolisent Saint Nicolas lui‑même ou les enfants qu’il aurait sauvés dans la légende.

Origine géographique

Le manala vient des régions de culture germanique du nord-est de la France (surtout l’Alsace, mais aussi la Lorraine, la Franche-Comté, etc.) où il est préparé pour la Saint-Nicolas, le 6 décembre.  Des sources mentionnent cette forme de brioche dès le Moyen Âge tardif (XIVe–XVe siècles) autour de Bâle et en Alsace, dans le cadre des fêtes d’hiver pour enfants

Signification symbolique

Le mot « mannele/mannala » vient de l’alsacien et signifie littéralement « petit homme », en référence à la forme de la brioche.  Dans la tradition la plus répandue, le bonhomme représente soit l’évêque de Myre, Saint Nicolas, protecteur des enfants, soit les trois enfants que le saint aurait ressuscités après qu’un boucher les a tués, légende très ancrée en Alsace et en Lorraine.

Place dans les fêtes de Saint-Nicolas

Les manala font partie des « pains de Saint-Nicolas », distribués aux enfants avec mandarines, chocolats ou pains d’épices dans la nuit du 5 au 6 décembre.  On les trouve alors dans toutes les boulangeries d’Alsace et des régions voisines, et ils sont souvent dégustés au goûter ou au petit-déjeuner, parfois trempés dans un chocolat chaud.

Les variantes régionales du Mannele,

Petit pain ou brioche en forme de bonhomme lié à la Saint-Nicolas se multiplient dans les espaces germanophones d’Europe, du XVe siècle à aujourd’hui, avec des noms et formes adaptés aux dialectes locaux.

France germanophone

En Alsace du Nord et Moselle, on dit Mannele ou Männele ; en Alsace du Sud (Sundgau), Mannala ou Männala ; en Franche-Comté, Jean-Bonhomme ; et dans les Vosges, Coualé.  Ces versions restent proches de la forme humaine simple, souvent briochée et décorée de raisins ou d’amandes.

Allemagne et Rhin

En Allemagne de l’Ouest (Rhénanie, Ruhr, Hesse), les noms incluent Weckmann, Stutenkerl ou Dambedei, parfois vendus avec une pipe en argile pour la Saint-Martin (11 novembre) plutôt que Saint-Nicolas.  Le Rhin favorise cette diffusion, avec des pains plus rustiques ou enrichis selon les régions.

Suisse et Autriche

En Suisse alémanique prédomine Grittibänz (ou Grättimaa à Bâle, Elggermaa en Thurgovie), évoquant un homme aux jambes écartées ; en Suisse romande, bonhomme de Saint-Nicolas.  Au Luxembourg, Boxemännchen (petit homme en pantalon) ; en Autriche, parfois Krampus, lié au démon accompagnant le saint

Étymologie de Grätiimann

Le nom « Grittibänz » ou « Grättimann » associe « Gritti » (un vieil homme aux jambes grêles, de « gritten » signifiant écarter les jambes) et « Bänz » (diminutif de Benedikt, utilisé pour « homme »).  À Bâle, on l’appelle spécifiquement Grättimaa, avec une pâte levée sucrée et du sucre en grêle sur le ventre, contrairement aux versions plus simples ailleurs.[

Origines historiques

Dès le Moyen Âge, les enfants de Bâle défilaient le 6 décembre derrière un « enfant-évêque » qui réprimandait les adultes. À la fin de la procession, ils recevaient des petits pains au lait blanc, ornés d’yeux en baies de genévrier (aujourd’hui raisins secs)
Les premières mentions remontent à 1546 dans les écrits du réformateur zurichois Heinrich Bullinger, évoquant les « Frowli » (figurines féminines en pâte) pour la Saint-Nicolas